Croissance contre rigueur : un "pacte silencieux" ?
Pas même intronisé président, François Hollande voit défiler les hauts responsables européens à son QG de campagne à Paris. Mercredi, s’y présentait le président du Conseil Européen, le belge Herman Van Rompuy, suivi jeudi par du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, patron de l’Eurogroupe.
Viennent-ils lui rappeler que la chancelière allemande, Angela Merkel, avec qui ils ont pris langue de longue date, a dit "Nein" à toute renégociation du Pacte budgétaire ? Entendent-ils tâter le terrain de son fameux mémorandum sur la croissance ? L’affrontement franco-allemand n’est pas encore certain, un "pacte silencieux" toujours possible.
Car une partie des quatre points hollandais ne sont pas forcément pour déplaire à l’Allemagne, qui pourrait consentir un pas en direction du nouveau locataire de l’Elysée : faisable, la recapitalisation de la Banque Européenne d’Investissement pour financer de grands projets ; souhaitable, l’utilisation rapide des fonds structurels européens inutilisés ; ultime outil mais moins du goût des Allemands, les "Eurobonds de projets", qui communautariseraient la dette à venir.
La crise politique en Grèce apporte chaque jour un peu plus d’eau au moulin des défenseurs d’une « initiative de croissance », pour contrer les effets dramatiques des cures d’austérité. Cette impasse grecque doit d’ailleurs être discutée au prochain sommet de l’Eurogroupe : il réunira à Bruxelles, lundi 14 mai, les 17 ministres des Finances, dont le Français, démissionnaire, François Baroin !
D’où l’urgence ressentie pas des leaders européens de la famille conservatrice, qui l’ont boudé jusqu’ici, de "voir" Hollande : et ce, avant sa première rencontre avec Angela Merkel à Berlin, le 15 mai, avant le dîner des chefs d’Etat et de gouvernement du 23 mai avec au menu la croissance… Et surtout en aval du sommet final des 28 et 29 Juin, où l’on espère que le "pacte de croissance" sera finalisé !
Les négociations et marchandages ont-ils commencé ? L’accent mis sur la croissance aurait l’avantage de rassurer les marchés sur la capacité de rebond de l’Europe… et surtout les peuples européens, que les dirigeants du vieux Continent, dans leur efforts pour résoudre la quadrature du cercle de l’endettement, ont eu tendance à oublier !
Caroline de Camaret
Chef adjointe du service international, Europe, France 24
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