Vive Schengen!

Editorial de Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman.

 

La construction européenne continue à occuper la campagne présidentielle française, dans laquelle, comme trop souvent, elle joue le rôle du bouc émissaire. Tel est, notamment, le cas de la politique d'immigration.


L'Europe perd sa population et sa situation démographique est catastrophique. Aussi est-elle devenue le premier continent pour l'asile et l'immigration. La population européenne s'accroît ainsi de 8 millions de personnes chaque année et parmi les 502 millions d'Européens, on compte 45 millions d'étrangers qu'on peine à intégrer. La crise renforce l'inquiétude des peuples, attisée par les populismes et certains voudraient alors remettre en cause les accords européens de libre circulation.


Pourtant, pour relever ces défis rien ne serait pire qu'une renationalisation des politiques d'immigration. Croire que les Etats membres seraient mieux à mêmes de gérer tout seuls les frontières externes est une illusion démontrée par les faits. Laisser penser qu'une gestion interétatique de l'immigration pourrait mieux résoudre les problèmes des migrations internes à l'Union est une profonde erreur, qui porte en elle les germes de graves divisions entre les peuples. L'Europe de Schuman, celle aussi du général de Gaulle et de tous ses successeurs, n'y résisteraient probablement pas, emportées par la tentation du repli qui conduit aux nationalismes.


Les initiateurs des accords de Schengen (1985: Allemagne, Benelux, France), devenus 26, ont eux-mêmes justement décidé d'en confier la gestion, en 1995, à la Commission européenne, instance supranationale. Ils ont, depuis, tenté d'harmoniser le droit d'asile, le statut de réfugié et d'élaborer un Pacte européen pour l'immigration. Des améliorations sont encore nécessaires et leur réforme est d'ailleurs en cours. Le contrôle des frontières extérieures doit, un jour, être confié à un véritable corps européen de garde-frontières, les Etats ne doivent plus pouvoir décider seuls de mesures qui auraient des conséquences sur leurs partenaires, une vraie solidarité avec ceux qui sont confrontés à la pression venue des pays tiers doit être organisée, la mobilité des travailleurs au sein de l'Union peut être mieux régulée, notre sécurité face aux nouvelles menaces doit en être renforcée. Cela ne peut être réussi qu'ensemble, tant il est évident que les solutions ne seront trouvées qu'à l'échelle du continent.


Répondre aux inquiétudes, c'est, en matière d'immigration, jouer totalement le jeu d'une Europe plus intégrée et plus efficace et ne rien céder aux extrémistes. C'est le vrai moyen de préserver le droit réel que nous avons acquis de circuler librement du Cap Nord aux Canaries et de maîtriser, dans le même temps, les mouvements migratoires, dans le respect des droits fondamentaux. Tout recul de cette liberté marquerait un échec grave de l'esprit européen. Que vivent les accords de Schengen!

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Editorial written by Jean-Dominique Giuliani, Chairman of the Robert Schuman Fondation.

 

Long live Schengen!

 

European integration continues to be a focus in the French presidential campaign in which, as too often is the case, it is playing the role of the scapegoat. This is notably the case with the immigration policy.

 

Europe's population is declining and its demographic situation is catastrophic. It has also become the leading continent as far asylum and immigration are concerned. Because of this Europe's population is growing by some 8 million people per year and amongst the 502 million Europeans, there are 45 million foreigners who we struggle to integrate. The crisis is increasing concern, that is made worse by populism and some would like to bring the European agreements of free movement into question.

 

However in order to rise to these challenges nothing would be worse than renationalising the immigration policy. Believing that Member States would be most apt at managing the Union's external borders alone is an illusion demonstrated by reality. Allowing us to believe that inter-state management of immigration might best solve internal migratory issues is a serious error that bears with it the seeds of serious division between peoples. Schuman's Europe, and also that of General de Gaulle and of all his successors, would probably not withstand this, washed away by the temptation of national withdrawal that comes from nationalism.

 

Those who thought of Schengen (1985: Germany, Benelux and France) who now total 26 quite rightly decided to hand over its management in 1995 to the European Commission, a supranational body. Since then they have tried to harmonise asylum rights, the refugee status and to set out a European Pact for immigration. Improvements are still necessary and reform is also ongoing. External border control must one day be given to a real European border corps, States must no longer be able to decide alone on measures that affect their partners, real solidarity with those who face pressure from third countries must be better organised, workers' mobility within the Union could be better regulated, our security in the face of new threats must be increased. We can only achieve this together, since it is so clear that solutions will only be found in terms of the continent.

 

Responding to concern, regarding immigration means playing the game of a more integrated, more effective Europe to the full and not giving in to extremists. This is the real way to protect the right we have achieved to move freely from the North Pole to the Canary Islands and also to master migratory flows in the respect of our fundamental rights. Any reduction in this freedom would mean the terrible failure of European spirit. Long live the Schengen agreements!

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